Réduire l'impôt de votre société en Andorre : 6 stratégies expertes

Découvrez comment réduire l'impôt en Andorre à 10% vs 25% en France. Stratégies expertes pour création entreprise Andorre, optimisation fiscal.

SOCIÉTÉFISCALITÉ

Andorra la vella
Andorra la vella

Pour les entrepreneurs français et les PME confrontés à une pression fiscale de plus en plus lourde, l'impôt en Andorre représente une alternative attractive et parfaitement légale. Avec un taux d'impôt sur les sociétés plafonné à 10% contre 25% en France, et une imposition des revenus personnels allant de 0% à 10% maximum, la Principauté offre un cadre fiscal compétitif tout en respectant les normes internationales de l'OCDE et de l'Union européenne.

Contrairement aux idées reçues, réduire l'impôt de votre société en Andorre ne consiste pas simplement à déménager votre siège social. L'optimisation fiscale andorrane repose sur une approche stratégique combinant le choix de la structure juridique adaptée, la création d'une substance économique réelle, la maîtrise des prix de transfert, l'exploitation intelligente des régimes fiscaux spéciaux et une gestion optimisée de la trésorerie. Cette approche holistique, conforme aux exigences BEPS (Base Erosion and Profit Shifting) de l'OCDE, permet de maximiser les économies tout en minimisant les risques de requalification fiscale.

L'expertise du Cabinet fiscal ProGestio dans la création entreprise Andorre depuis 2015 nous a permis d'accompagner plus de 350 entrepreneurs français dans leur installation réussie. Notre expérience montre que les économies fiscales réelles varient entre 35% et 75% selon le profil de l'entreprise, avec un retour sur investissement généralement atteint dès la première année pour les PME réalisant plus de 300 000€ de chiffre d'affaires annuel.

Cet article détaille les six piliers fondamentaux de l'optimisation fiscale en Andorre, accompagnés d'études de cas concrètes, d'une timeline d'installation et d'une FAQ exhaustive pour répondre aux questions techniques les plus fréquentes de nos clients entrepreneurs et fiscalistes.

Choisir la bonne structure et activité pour optimiser l'impôt

Le premier levier d'optimisation fiscale en Andorre commence par le choix stratégique de la structure juridique et du positionnement de vos activités. La législation andorrane offre plusieurs formes sociales, chacune présentant des avantages fiscaux spécifiques selon votre modèle d'affaires.

La Société Limitée (SL) constitue le choix privilégié pour 85% des PME françaises s'installant en Andorre. Avec un capital minimum de seulement 3 000€, elle offre une flexibilité maximale tout en bénéficiant du taux standard d'impôt sur les sociétés de 10%. Pour les activités de services B2B comme le consulting, le marketing digital ou le développement logiciel, la SL permet de facturer depuis Andorre avec une TVA andorrane (IGI) de seulement 4,5% contre 20% en France, créant immédiatement un avantage compétitif prix de 15,5 points sur vos devis internationaux.

La Société Anonyme (SA), nécessitant un capital de 60 000€, s'avère plus adaptée aux structures cherchant à lever des fonds ou à établir des partenariats avec de grandes entreprises européennes. Son principal avantage réside dans la perception de crédibilité accrue auprès des investisseurs institutionnels et des banques d'affaires.

Les régimes fiscaux spéciaux représentent toutefois les opportunités d'optimisation les plus significatives. Les sociétés holding andorranes bénéficient d'un taux réduit de 2% sur les revenus de participation, avec une exemption totale des dividendes reçus de filiales détenues à plus de 5% depuis plus d'un an. Pour un groupe détenant plusieurs filiales européennes générant 2M€ de dividendes annuels, l'économie fiscale atteint 580 000€ par an comparé à une structure française classique soumise à l'IS à 25% plus les contributions sociales.

Les sociétés internationales de trading opérant exclusivement hors d'Andorre peuvent également négocier un taux effectif de 2% sur leurs bénéfices sous certaines conditions de volume et d'emploi local. Cette structure s'avère particulièrement attractive pour le négoce de matières premières, de composants technologiques ou de services digitaux à forte marge.

Enfin, les SICAV (Sociétés d'Investissement à Capital Variable) bénéficient d'une imposition de 0% sur leurs plus-values et dividendes, faisant d'Andorre une juridiction de choix pour la gestion de patrimoine et les family offices. Cette exemption, couplée à l'absence totale d'impôt sur la fortune, permet aux entrepreneurs ayant réalisé des exits importants de réinvestir 100% de leur capital sans érosion fiscale.

Le choix de la structure doit également anticiper les évolutions réglementaires de l'Union européenne. Depuis l'entrée en vigueur de la directive européenne sur la transparence fiscale, Andorre a adapté sa législation pour maintenir sa conformité tout en préservant ses avantages compétitifs. Le Cabinet fiscal ProGestio accompagne ses clients dans cette analyse multi-critères intégrant les considérations fiscales, juridiques, bancaires et réputationnelles pour déterminer la structure optimale selon chaque profil d'entreprise.

Parcours d'optimisation avec ProGestio Andorre

Réduire l'impôt en travaillant sur la "substance" et l'organisation opérationnelle

L'optimisation fiscale en Andorre ne peut reposer uniquement sur une domiciliation formelle. Les autorités fiscales françaises, européennes et andorranes exigent désormais une "substance économique réelle" pour valider la résidence fiscale d'une entreprise. Cette exigence, formalisée dans les recommandations BEPS de l'OCDE et transposée dans la convention fiscale France-Andorre, constitue paradoxalement le deuxième pilier le plus important pour sécuriser votre optimisation fiscale sur le long terme.

La résidence fiscale du dirigeant représente le premier critère de substance. Pour bénéficier pleinement du régime fiscal andorran, l'entrepreneur doit passer au minimum 183 jours par an en Andorre et y établir sa résidence principale. Cette exigence nécessite l'obtention d'une résidence active (permis de travail) ou passive (investissement minimum de 400 000€ dans l'économie andorrane, dont 350 000€ en immobilier et 50 000€ de caution auprès de l'Autorité Financière Andorrane).

Nos clients entrepreneurs privilégient généralement la résidence active obtenue via la création d'entreprise, beaucoup plus accessible financièrement et sans obligation d'investissement immobilier. Le processus complet prend entre 4 et 6 mois et nécessite un accompagnement expert pour la constitution du dossier incluant certificat de bonne conduite, certificat médical, preuve de moyens financiers suffisants et contrat de location d'un logement en Andorre.

Les locaux professionnels constituent le deuxième pilier de substance économique. L'administration fiscale andorrane exige un bureau physique d'au minimum 20m², équipé et opérationnel, où se déroule effectivement l'activité de l'entreprise. Ce bureau ne peut être une simple boîte aux lettres ou un espace de coworking partagé avec d'autres entreprises. Pour les activités digitales, nous recommandons un bureau de 30-50m² permettant d'accueillir 2-4 employés, démontrant ainsi une capacité opérationnelle réelle. Le coût annuel d'un tel espace varie entre 12 000€ et 24 000€ selon la localisation (Andorre-la-Vieille étant plus onéreux qu'Escaldes-Engordany ou Sant Julià).

L'emploi local renforce significativement la substance économique. Bien qu'il n'existe pas d'obligation légale formelle d'embaucher en Andorre pour toutes les activités, l'emploi d'au moins un salarié andorran ou résident permanent à temps plein crédibilise considérablement votre structure face aux autorités fiscales. Pour une PME de services, la configuration optimale consiste généralement en un directeur général expatrié français, un office manager local et éventuellement un ou deux collaborateurs techniques qui peuvent travailler en télétravail partiel depuis la France pour maintenir la relation client.

L'activité opérationnelle réelle doit être documentée méticuleusement. Les centres de décision stratégiques doivent se situer en Andorre, avec des réunions de conseil d'administration documentées, des contrats clients signés depuis Andorre, des serveurs ou infrastructures IT hébergés localement ou dans l'EEE avec management depuis Andorre. Pour les activités de conseil, l'entrepreneur doit pouvoir démontrer que les prestations intellectuelles sont réalisées depuis Andorre (documentation des heures de travail, outils de time-tracking, correspondances clients horodatées depuis Andorre).

Un point technique souvent négligé concerne le split activity risk : si votre entreprise andorrane facture des clients français tout en conservant une partie de l'équipe en France, l'administration fiscale française peut tenter de requalifier une partie des bénéfices comme relevant d'un établissement stable en France. La stratégie de mitigation repose sur une séparation fonctionnelle claire, avec l'activité commerciale et de direction en Andorre et d'éventuelles fonctions support ou de sous-traitance technique en France, facturées à prix de marché avec une marge limitée.

Le Cabinet fiscal ProGestio a développé un "substance score" propriétaire évaluant sur 100 points la solidité de votre installation andorrane, identifiant les zones de risque et recommandant les ajustements nécessaires avant tout contrôle fiscal. Cette approche préventive, couplée à un audit annuel de conformité, garantit une optimisation fiscale pérenne et sécurisée pour vos 10-20 prochaines années d'activité en Andorre.

Exploiter les avantages d'Andorre sur l'IP, le digital et les activités immatérielles

Andorre a stratégiquement positionné son économie pour attirer les entreprises de la nouvelle économie digitale, technologique et créative. Plusieurs dispositifs fiscaux spécifiques offrent des avantages considérables pour les activités à forte valeur ajoutée immatérielle, faisant de la Principauté un hub européen émergent pour les entrepreneurs tech et créatifs.

Le Patent Box andorran, introduit en 2023 et conforme aux standards OCDE BEPS Action 5, constitue le joyau de l'arsenal fiscal pour les innovateurs. Les revenus provenant de l'exploitation de brevets, de logiciels protégés, de modèles d'utilité ou de certains savoir-faire techniques protégés bénéficient d'un taux d'imposition effectif de seulement 2% au lieu des 10% standard. Ce régime s'applique uniquement aux innovations développées substantiellement en Andorre, avec un ratio de calcul basé sur le Modified Nexus Approach de l'OCDE intégrant les dépenses de R&D locales versus totales.

Pour une startup technologique développant un SaaS innovant en Andorre et générant 800 000€ de revenus récurrents annuels avec 60% des développements réalisés localement, le Patent Box permet d'appliquer le taux de 2% sur 480 000€ de revenus qualifiés, soit 9 600€ d'impôts, contre 80 000€ au taux standard de 10%, économisant 70 400€ par an. L'éligibilité nécessite toutefois une documentation rigoureuse des activités de R&D, des brevets ou copyrights déposés, et une comptabilité analytique séparant clairement les revenus IP des autres revenus.

La Loi sur l'Économie Digitale et l'Entrepreneuriat (Loi 42/2022) positionne Andorre comme une juridiction crypto-friendly et blockchain-native. Les entreprises opérant dans les actifs numériques, la blockchain, les NFTs, le metaverse ou l'intelligence artificielle bénéficient d'un cadre réglementaire clair et d'avantages fiscaux spécifiques. Les plus-values sur cryptomonnaies réalisées par des résidents andorrans ne sont pas imposables si les actifs sont détenus plus de 10 ans, et sont taxées à seulement 10% sur la tranche au-delà de 3 000€ pour des détentions plus courtes.

Les sociétés de fintech et crypto peuvent obtenir des licences AFA (Autorité Financière Andorrane) pour opérer légalement des exchanges, des services de custody ou des plateformes DeFi depuis Andorre, accédant ainsi au marché européen via la reconnaissance mutuelle EEE tout en bénéficiant d'un environnement fiscal et réglementaire optimal. Le coût de la licence varie entre 50 000€ et 150 000€ selon la complexité des activités, avec des délais d'obtention de 6 à 12 mois.

Les activités de création de contenu digital, incluant les influenceurs, créateurs YouTube, streamers gaming, podcasteurs et créateurs OnlyFans, trouvent en Andorre un cadre fiscal particulièrement avantageux. Un créateur générant 500 000€ de revenus annuels paiera environ 50 000€ d'impôts en Andorre (10% d'IS sur la société + 0-10% d'IRPF sur les dividendes distribués), contre environ 237 500€ en France (combinant IS, charges sociales TNS de 45% et IRPF progressif), soit une économie de 187 500€ par an représentant 37,5% du revenu brut.

Le régime des droits d'auteur et revenus artistiques bénéficie également d'un traitement favorable. Les auteurs, compositeurs, artistes visuels et créateurs percevant des droits d'auteur peuvent structurer leurs revenus via une société de gestion andorrane imposée à 10%, évitant les taux progressifs élevés appliqués aux revenus de création en France. La convention fiscale France-Andorre prévoit une imposition partagée sur les droits d'auteur avec retenue à la source de 5% maximum dans le pays source et imposition résiduelle dans le pays de résidence, créant des opportunités d'arbitrage fiscal significatives.

Les services numériques B2B (développement web, design, marketing digital, consulting online, formation e-learning) facturés depuis Andorre à des clients UE bénéficient d'une TVA locale de 4,5% appliquée selon les règles d'autoliquidation pour les clients professionnels européens. Cette structure permet de facturer plus compétitivement que des concurrents basés en France ou en Espagne tout en maintenant des marges supérieures. Un freelance facturant 200 000€ HT économise environ 31 000€ de TVA collectée non reversée comparé à une TVA de 20%, amélioration directe de trésorerie même si la TVA est théoriquement neutre pour les entreprises (l'avantage réel réside dans la différence de charge fiscale sur les bénéfices).

Le Cabinet fiscal ProGestio maintient une veille active sur l'évolution des régimes fiscaux tech en Andorre et accompagne ses clients dans la qualification des revenus IP, la structuration des activités digitales et l'obtention des certifications et licences nécessaires pour maximiser les avantages fiscaux tout en sécurisant la conformité réglementaire internationale.

Optimiser la trésorerie : dividendes, rémunération du dirigeant et réinvestissements

La stratégie de rémunération du dirigeant et de distribution des bénéfices constitue le cinquième pilier de l'optimisation fiscale en Andorre. Contrairement à la France où la pression sociale et fiscale écrase les revenus entrepreneuriaux, Andorre offre une flexibilité remarquable permettant de maximiser le revenu net disponible.

Le régime des dividendes présente des avantages spectaculaires pour les résidents fiscaux andorrans. Les dividendes versés par une société andorrane à ses actionnaires résidents andorrans sont totalement exonérés d'impôts, créant une efficience fiscale de 100%. Cette exemption totale contraste radicalement avec la France où les dividendes subissent le prélèvement forfaitaire unique de 30% (flat tax) ou le barème progressif de l'IR plus 17,2% de prélèvements sociaux, aboutissant à une ponction effective de 34% à 60,2% selon les tranches.

Pour un entrepreneur réalisant 300 000€ de bénéfices nets après IS, la différence est considérable. En France, après l'IS à 25% (75 000€), il reste 225 000€ distribuables, taxés à 30% minimum soit 67 500€, laissant 157 500€ nets au fondateur, soit une charge fiscale totale de 47,5% du bénéfice initial. En Andorre, après l'IS à 10% (30 000€), il reste 270 000€ distribuables en franchise totale, soit exactement 270 000€ nets au fondateur, représentant une charge fiscale totale de seulement 10%. L'économie nette atteint 112 500€ par an, soit 71% de revenu supplémentaire pour l'entrepreneur.

La rémunération salariale du dirigeant doit être calibrée stratégiquement. L'IRPF andorran applique un barème progressif avec une première tranche de 24 000€ exonérée, puis 5% jusqu'à 40 000€ et 10% au-delà, plafonné à 10% quel que soit le niveau de revenu. Les cotisations sociales andorranes (CASS) s'élèvent à 21,5% du salaire brut (réparties entre employeur et salarié), nettement inférieures aux 45-60% de charges françaises pour un dirigeant TNS.

L'arbitrage optimal consiste généralement à se verser un salaire modeste de 40 000€ à 60 000€ couvrant les dépenses courantes et maximisant les droits sociaux (retraite CASS, couverture santé), puis à distribuer le solde en dividendes nets d'impôts. Cette structure combine sécurité sociale, constitution de droits à la retraite et optimisation fiscale maximale.

La stratégie de réinvestissement bénéficie également d'avantages fiscaux spécifiques. Les bénéfices réinvestis dans l'outil de production (équipements, R&D, recrutement, expansion internationale) sont naturellement déductibles de l'assiette imposable. Mais Andorre va plus loin avec des crédits d'impôt pour l'innovation technologique pouvant atteindre 20% des dépenses de R&D qualifiées, et des exonérations partielles d'IS pour les startups en phase de croissance (réduction de 50% de l'IS durant les 3 premières années pour les nouvelles entreprises innovantes répondant aux critères).

La constitution de réserves non distribuées permet d'accumuler du capital au sein de la société avec une taxation différée de seulement 10%, idéal pour financer une croissance externe ou préparer des acquisitions stratégiques. Contrairement aux régimes CFC stricts de certains pays, Andorre ne pénalise pas l'accumulation de bénéfices non distribués tant que la substance économique est avérée et que l'entreprise démontre un projet de réinvestissement crédible.

L'exit tax français mérite une attention particulière pour les entrepreneurs français s'expatriant. Si vous détenez plus de 800 000€ de parts sociales dans votre société française au moment du départ, l'administration fiscale française applique une taxation des plus-values latentes à 12,8% (flat tax sans les prélèvements sociaux). Cette "exit tax" peut être reportée voire annulée sous conditions : si vous conservez vos titres pendant au moins 2 ans (report de paiement) ou 5 ans (annulation si vous revenez en France), ou 8 ans (annulation définitive sans retour).

La stratégie d'optimisation consiste à anticiper l'expatriation en valorisant correctement l'entreprise avant le départ, en utilisant éventuellement un apport-cession pour réinvestir dans une holding andorrane, ou en planifiant un LBO permettant de refinancer l'exit tax via l'emprunt bancaire. Le Cabinet fiscal ProGestio collabore avec des avocats fiscalistes français spécialisés pour structurer ces opérations complexes avec un taux de réussite de 95% face aux contrôles DGFIP.

Les plus-values sur cessions d'entreprise bénéficient également d'un régime avantageux en Andorre. Les plus-values de cession sont imposées à 10% pour les détentions courtes, mais totalement exonérées après 10 ans de détention ou si la participation cédée représente moins de 25% du capital de la société. Pour un fondateur ayant créé sa société andorrane et la revendant après 10 ans pour 5M€, l'économie fiscale comparée à une cession française (30% de flat tax soit 1,5M€) atteint 1,5M€ nets, soit 30% de la valorisation totale de l'entreprise.

Cette optimisation de la trésorerie sur 10-20 ans transforme radicalement la création de patrimoine entrepreneurial, permettant d'accumuler 2 à 3 fois plus de capital personnel à chiffre d'affaires équivalent comparé à une structure française classique.

Réduire l'impôt en réduisant les risques : conformité, banque et gouvernance

L'optimisation fiscale pérenne ne peut reposer uniquement sur des mécanismes techniques. Le sixième pilier, souvent négligé, consiste à construire une architecture de conformité solide neutralisant les risques de requalification, de redressement ou de difficultés bancaires qui anéantiraient instantanément les bénéfices de l'optimisation.

La conformité BEPS et les standards OCDE s'imposent désormais à toutes les juridictions, y compris Andorre qui a signé la Convention Multilatérale BEPS en 2018. Les principales exigences incluent le Minimum Tax (les multinationales doivent payer au moins 3% d'impôts effectifs quelles que soient les optimisations), les règles anti-chalandage fiscal (Principal Purpose Test dans les conventions fiscales détectant les structures purement artificielles), et les obligations de documentation des prix de transfert pour les transactions intragroupe dépassant 450 000€ annuels.

Votre structure andorrane doit donc démontrer qu'elle n'est pas un simple conduit fiscal mais répond à des objectifs commerciaux légitimes (substance test). Le Cabinet fiscal ProGestio recommande de préparer systématiquement un business rationale memo documentant les raisons commerciales, opérationnelles et stratégiques de l'installation en Andorre, au-delà des seuls motifs fiscaux. Ce document, conservé dans le compliance file de l'entreprise, constitue votre première ligne de défense face à un contrôle fiscal.

Les obligations CRS et FATCA imposent un échange automatique d'informations fiscales entre l'Andorre et plus de 100 juridictions partenaires, dont la France. Vos comptes bancaires andorrans, vos structures sociétaires et vos revenus sont automatiquement signalés chaque année aux autorités fiscales françaises si vous conservez des liens avec la France (famille, patrimoine immobilier, activités commerciales). Cette transparence fiscale généralisée élimine tout espoir de discrétion et impose une conformité totale de votre installation andorrane.

La relation bancaire constitue souvent le premier obstacle pratique rencontré par les entrepreneurs. Les banques andorranes (Andbank, Mora Banc, Crèdit Andorrà) appliquent des procédures KYC (Know Your Customer) extrêmement strictes, exigeant une documentation exhaustive sur l'origine des fonds, la nature des activités, les clients et fournisseurs principaux. Comptez 2 à 4 mois pour ouvrir un compte professionnel andorran, avec un dépôt initial généralement requis de 10 000€ à 50 000€ selon la banque et le profil.

Les banques françaises adoptent fréquemment une position de blocage face aux entrepreneurs s'expatriant fiscalement, refusant de maintenir les comptes professionnels ou personnels, ou exigeant des justificatifs disproportionnés sur chaque transaction. Cette "désincitation bancaire" nécessite une anticipation avec l'ouverture de comptes alternatifs dans des fintech européennes (Wise, Revolut Business, Penta) permettant de maintenir des IBAN européens pour les transactions avec clients français tout en transférant progressivement la trésorerie principale vers Andorre.

La gouvernance et la documentation constituent votre meilleur bouclier juridique. Nos recommandations incluent : des conseils d'administration trimestriels formels avec procès-verbaux détaillés, une comptabilité andorrane tenue selon les normes IFRS ou locales par un expert-comptable andorran agréé, une séparation stricte des patrimoines personnel et professionnel, une documentation systématique des principales décisions stratégiques et investissements, et un audit annuel volontaire des comptes pour les sociétés dépassant 500 000€ de chiffre d'affaires.

L'assurance protection juridique fiscale, proposée par quelques compagnies spécialisées, couvre les frais de défense en cas de contrôle fiscal français ou andorran, incluant les honoraires d'avocats fiscalistes jusqu'à 150 000€. Cette couverture, facturée entre 2 000€ et 5 000€ annuels selon le chiffre d'affaires, transforme un risque financier catastrophique en un coût prévisible et maîtrisable.

La relation avec l'administration fiscale française doit être gérée stratégiquement. Le dépôt d'une déclaration de changement de résidence fiscale (formulaire 2042-NR) auprès du Service des Impôts des Particuliers Non-Résidents constitue la première étape obligatoire. Cette déclaration déclenche fréquemment un contrôle sur pièces de l'administration pour vérifier la réalité de l'expatriation. Anticiper ce contrôle avec un dossier probant complet (bail andorran, contrats de travail, relevés bancaires démontrant la présence physique, factures d'énergie, abonnements locaux) permet de valider définitivement le changement de résidence fiscale sans contentieux.

Le coût de la conformité doit être intégré dans le business plan d'installation. Budget annuel à prévoir pour une PME classique : expert-comptable andorran 6 000-12 000€, avocat fiscaliste pour audit annuel 5 000-8 000€, cabinet de domiciliation et services administratifs 3 000-6 000€, assurance protection juridique 2 000-5 000€, soit un total de 16 000€ à 31 000€ par an. Ce coût fixe doit être comparé aux économies fiscales nettes pour valider la rentabilité du schéma : pour une entreprise générant 500 000€ de bénéfices, l'économie fiscale atteint environ 187 500€ par an, couvrant largement les frais de conformité avec un ROI de 600% à 1 170%.

Le Cabinet fiscal ProGestio propose un service de compliance officer externalisé incluant la veille réglementaire, l'audit annuel de conformité, la préparation des documentation files BEPS, la gestion des relations bancaires et la représentation face aux autorités fiscales pour un forfait annuel de 18 000€ à 36 000€ selon la complexité. Cette externalisation libère l'entrepreneur des contraintes administratives tout en sécurisant maximalement l'optimisation fiscale sur la durée.

FAQ : 6 Questions Experts sur l'Optimisation Fiscale en Andorre

Le taux d'imposition effectif global dépend de votre structure et de votre stratégie de rémunération. Pour une SL standard avec un dirigeant résident, le calcul consolidé typique est le suivant : 10% d'IS sur les bénéfices, puis 0% sur les dividendes distribués à des résidents andorrans, plus 0% à 10% d'IRPF sur les salaires selon la tranche (première tranche de 24 000€ exonérée).

En pratique, pour une PME générant 500 000€ de bénéfices nets versant 60 000€ de salaire au dirigeant et 440 000€ de dividendes, la charge fiscale totale atteint 50 000€ d'IS + 3 600€ d'IRPF = 53 600€, soit 10,7% effectif global. Comparé à une charge de 47,5% en France (IS + dividendes), l'économie nette atteint 183 750€ par an.

Pour les structures plus sophistiquées utilisant le Patent Box (2% sur revenus IP), les holdings (2% sur participations) ou les SICAV (0%), le taux effectif peut descendre entre 2% et 5% selon le mix d'activités. Le Cabinet fiscal ProGestio modélise précisément votre taux effectif consolidé lors du diagnostic initial pour quantifier les économies réelles.

Quel est le taux réel d'imposition global en Andorre pour une PME ?

Comment gérer l'exit tax français ? Peut-elle être évitée ?

L'exit tax française (article 167 bis du CGI) s'applique aux contribuables détenant plus de 800 000€ de participations dans des sociétés lors de leur expatriation hors de France. Elle taxe les plus-values latentes (non réalisées) sur ces participations au taux de 12,8% de prélèvement forfaitaire sur la plus-value théorique calculée à la date du départ.

Exemple chiffré : Vous avez créé votre société avec un capital de 10 000€ et elle vaut aujourd'hui 2 000 000€ au moment de votre expatriation. La plus-value latente est de 1 990 000€, taxée à 12,8% soit 254 720€ d'exit tax. Cette somme est exigible en principe immédiatement sauf si vous optez pour l'un des mécanismes de report ou d'exonération suivants.

Report de paiement (automatique UE/EEE) : Si vous vous installez dans l'UE ou l'EEE (cas d'Andorre depuis 2021), le paiement de l'exit tax est automatiquement reporté tant que vous conservez vos titres. Si vous conservez les titres pendant 2 ans sans les céder, le report se poursuit. Après 5 ans de conservation, si vous revenez en France, l'exit tax est annulée. Après 8 ans de conservation, même si vous ne revenez pas en France, l'exit tax est définitivement annulée.

Exonération pour conservation longue : En pratique, la stratégie optimale consiste à ne jamais céder les titres directement, mais plutôt à les apporter à une holding andorrane ou à structurer une LBO permettant de monétiser la valeur sans cession formelle des titres d'origine. Cette ingénierie juridique complexe nécessite l'intervention conjointe d'avocats fiscalistes français et andorrans.

Alternative : apport-cession avant expatriation : Une stratégie parfois utilisée consiste à réaliser un apport de titres à une holding française avant l'expatriation, bénéficiant du régime de report d'imposition de l'article 150-0 B ter CGI, puis à expatrier et céder depuis Andorre dans les 3 ans. Cette technique est désormais encadrée et nécessite une analyse au cas par cas pour éviter la requalification d'abus de droit.

Point crucial : L'exit tax doit être déclarée dans les 15 mois suivant le départ de France. L'absence de déclaration constitue une fraude fiscale exposant à des pénalités de 80% et des poursuites pénales. ProGestio travaille systématiquement avec des avocats fiscalistes parisiens spécialisés pour structurer les exits en conformité totale avec la législation.

Qu'est-ce que la "substance économique" et comment la construire solidement ?

La substance économique désigne l'ensemble des éléments tangibles et opérationnels démontrant qu'une entreprise exerce une activité réelle dans la juridiction où elle est domiciliée, et qu'elle n'est pas un simple montage artificiel créé uniquement pour bénéficier d'avantages fiscaux. Ce concept, formalisé par les recommandations BEPS de l'OCDE et intégré dans les législations européennes via les directives anti-évasion (ATAD), conditionne désormais la validité fiscale de toute structure internationale.

Les 5 piliers de la substance économique pour Andorre :

1. Présence physique des dirigeants (poids : 30%) : Les décideurs stratégiques (CEO, fondateurs, directeurs) doivent résider effectivement en Andorre plus de 183 jours par an et y exercer leur fonction de direction. Les conseils d'administration et assemblées générales doivent se tenir physiquement en Andorre avec des PV détaillés incluant lieu, date, participants présents, décisions prises.

2. Locaux professionnels opérationnels (poids : 20%) : Un bureau physique d'au moins 20m² pour les micro-entreprises, 50m² pour les PME, équipé (mobilier, ordinateurs, connexion internet professionnelle), avec bail commercial au nom de la société andorrane, factures d'électricité et services démontrant une occupation réelle. Les espaces de coworking partagés sont acceptés uniquement en phase de démarrage (<1 an).

3. Employés locaux qualifiés (poids : 25%) : Au moins un employé résident andorran ou permis de travail andorran occupant des fonctions substantielles (pas uniquement administratives). Ratio recommandé : 1 employé local pour 300k-500k€ de CA. Les contrats de travail doivent être enregistrés auprès de la CASS avec cotisations sociales payées localement.

4. Actifs opérationnels locaux (poids : 15%) : Serveurs hébergés en Andorre ou EEE avec gestion depuis Andorre, comptes bancaires opérationnels andorrans utilisés pour les transactions quotidiennes, stocks ou équipements physiques si applicable, propriété intellectuelle légalement transférée et enregistrée en Andorre.

5. Activité commerciale réelle (poids : 10%) : Contrats clients signés depuis Andorre, factures émises avec mentions légales andorranes, déclarations fiscales et comptabilité locale conformes, site web avec adresse et mentions légales andorranes, documentation client-facing (propositions commerciales, rapports) produite depuis Andorre.

La résidence de 183 jours est-elle strictement contrôlée ? Comment prouver ma présence ?

Oui, l'exigence de présence physique de 183 jours par an sur le territoire andorran est strictement contrôlée par l'administration fiscale française lors des contrôles de changement de résidence fiscale, et peut également être vérifiée par les autorités andorranes pour le maintien de votre permis de résidence.

Les preuves admises incluent : les relevés de cartes bancaires horodatés en Andorre, les factures de restaurants, d'essence, de courses démontrant une vie quotidienne locale, les abonnements aux services locaux (électricité, internet, téléphone mobile andorran), les tampons d'entrée/sortie du territoire dans votre passeport, les réservations d'hôtels ou locations lors de vos retours en France démontrant que vous n'y résidez plus, les certificats médicaux de consultations en Andorre, les inscriptions à des activités sportives ou culturelles locales.

L'administration fiscale française pratique souvent une "méthode des indices" : présence de votre famille en France, conservation d'un logement principal français, abonnements maintenus (électricité, eau), centre des intérêts économiques restant en France, activité professionnelle exercée majoritairement en France. Un seul indice ne suffit généralement pas, mais l'accumulation crée un faisceau présomptif de résidence fiscale française.

Les dividendes sont-ils vraiment taxés à 0% ? Quelles sont les conditions ?

Oui, les dividendes versés par une société andorrane à ses actionnaires résidents fiscaux andorrans sont totalement exonérés d'impôts en Andorre. Cette exonération constitue l'un des avantages les plus puissants du système fiscal andorran et se cumule avec l'IS à seulement 10%, créant une efficience fiscale globale de 10% contre 47,5% minimum en France.

Conditions d'éligibilité :

  1. Résidence fiscale effective : L'actionnaire doit être résident fiscal andorran, c'est-à-dire passer plus de 183 jours par an en Andorre et y avoir son foyer principal d'intérêts économiques et personnels.

  2. Société distributrice andorrane : Les dividendes doivent provenir d'une société constituée et opérant en Andorre. Les dividendes provenant de sociétés étrangères peuvent être imposés selon les conventions fiscales applicables.

  3. Distribution formelle : La distribution doit être votée en AG et documentée comptablement. Les distributions non formelles ou les rémunérations déguisées peuvent être requalifiées par l'administration fiscale.

Cas particuliers :

  • Actionnaire personne morale andorrane : Si les dividendes sont perçus par une holding andorrane, ils peuvent bénéficier du régime participation exemption (exemption totale si détention >5% depuis >1 an) ou du taux holding spécial à 2%.

  • Actionnaire non-résident : Les dividendes versés à des actionnaires non-résidents d'Andorre subissent une retenue à la source de 5% à 15% selon la convention fiscale applicable avec leur pays de résidence (France : 15% maximum selon la convention).

  • Double imposition : La convention fiscale France-Andorre élimine la double imposition en permettant aux résidents français recevant des dividendes andorrans de bénéficier d'un crédit d'impôt français correspondant à l'impôt andorran payé (limité au taux français).

Optimisation avancée : Pour les entrepreneurs prévoyant des distributions massives (plusieurs millions d'euros), ProGestio recommande la structuration en cascade holding andorrane → SL opérationnelle → distributions progressives optimisant le taux effectif sur 5-10 ans avec réinvestissements stratégiques minimisant l'assiette taxable à chaque niveau.

Andorre a-t-il signé un accord fiscal avec l'Union européenne ? Quelle est sa position aujourd'hui ?

Oui, Andorre a considérablement renforcé son intégration fiscale et réglementaire avec l'Union européenne au cours des 10 dernières années, transformant sa réputation de "paradis fiscal opaque" en juridiction transparente et coopérative tout en préservant ses avantages fiscaux structurels.

Accord d'association avec l'UE (négociation en cours) : Andorre négocie depuis 2015 un accord d'association approfondie avec l'UE. Cet accord, attendu pour 2025-2026, permettrait à Andorre de participer partiellement au marché unique européen dans certains secteurs (services financiers, digital, libre circulation) tout en conservant son autonomie fiscale. L'accord ne prévoit PAS l'harmonisation fiscale avec les taux européens, préservant ainsi l'IS à 10% et l'IRPF à 0-10%.

Convention d'Échange Automatique d'Informations (CRS) : Depuis 2017, Andorre applique le Common Reporting Standard de l'OCDE, échangeant automatiquement avec plus de 100 juridictions partenaires (dont tous les États membres UE, USA via FATCA, Suisse, etc.) les informations sur les comptes bancaires, structures sociétaires et revenus financiers des résidents fiscaux de ces pays. Cette transparence totale élimine toute possibilité d'évasion fiscale via Andorre et impose une conformité absolue.

Conventions de Double Imposition (CDI) : Andorre a signé 13 conventions fiscales bilatérales incluant France, Espagne, Portugal, Luxembourg, Liechtenstein, Monaco, Émirats Arabes Unis, Malte, Chypre, République Tchèque, Saint-Marin et plusieurs autres. Ces conventions, conformes au modèle OCDE, éliminent la double imposition et prévoient des retenues à la source réduites sur dividendes (5-15%), intérêts (0-10%) et royalties (0-10%).